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Gestion des talents

Apprendre de ses erreurs : une étape indispensable

18 février 2021

7 min

4 raisons qui montrent que les entreprises doivent apprendre de leurs erreurs et échecs

Le mot « échec » est presque toujours connoté de façon négative. Il est synonyme d’objectifs non atteints, de déception, de défaite… Mais cela doit changer. Les entreprises sont désormais obligées de reconnaître leurs erreurs et échecs, voire même de les valoriser.

Je pense qu’il doit y avoir un changement de mentalité profond – et pour commencer, on peut simplement prendre l’habitude de remplacer le mot “erreur” par “opportunité d’apprentissage”

 Debra Corey, Chief ‘Pay It Forward’ Officer at DebCo HR

Innovation et échec ne fonctionnent pas l’un sans l’autre

Les meilleures innovations fonctionnent rarement du premier coup. Elles sont toujours le fruit d’un long processus, ponctué d’expérimentations et d’erreurs. Elles ont toutes en commun d’être provoquées par une remise en question. Pour innover, il faut forcément s’affranchir des normes et faire preuve d’autonomie.

Sachant cela, les entreprises savent qu’elles doivent donner de l’autonomie à leurs collaborateurs pour innover. La crise sanitaire a accéléré les choses avec le recours massif au télétravail, conférant automatiquement plus d’autonomie aux collaborateurs. Des études montrent d’ailleurs que ce gain d’autonomie conduit à une hausse de la satisfaction au travail, de meilleurs résultats, une amélioration de la marque employeur… Toutefois, dans les faits, beaucoup d’entreprises craignent que l’autonomie les mette en péril. Elles préfèrent donc rester dans leur zone de confort, quitte à ne jamais vraiment innover. Une vraie injonction paradoxale : l’autonomie est encouragée dans les discours, mais la menace de la sanction en cas d’échec plane constamment sur les collaborateurs.

Beaucoup d’entreprises n’acceptent pas le risque

La peur d’échouer est le prétexte idéal pour rejeter tout changement. L’échec serait responsable de tous les maux : perte financière, baisse de la motivation des collaborateurs, décrédibilisation des dirigeants… L’échec, et le reconnaître comme tel, est un tabou très fort.

Des biais culturels peuvent aussi expliquer cette répulsion : tandis que, dans certains pays, on a tendance à voir en certains inventeurs des « pionniers », ils peuvent être considérés ailleurs (notamment en France) comme des « têtes brûlées » déconnectées des réalités économiques. Seule la réussite d’un projet est valorisée, au détriment des erreurs et expérimentations.

Pourtant, les entreprises ont tout à gagner à dépasser ces schémas de pensée et à voir dans les échecs de véritables enseignements.

Vous ne pouvez pas tout contrôler, seulement ce que vous faites – apprendre de vos erreurs et essayer de faire mieux. Rester dans sa zone de confort n’est jamais la bonne solution car cela ne vous fait pas prendre de risques.

 Luis Martins, Herb Kelleher Center for Entrepreneurship, Growth, and Renewal at Texas McCombs

Repenser les échecs en opportunités

L’échec n’est pas un gros mot ou un moyen d’évaluation. Il s’agit plutôt d’une chance, particulièrement en période de crise.

« Donner l’autorisation aux employés de se tromper peut faire peur, mais les conséquences sur le long terme ne sont jamais négatives. Rendre une personne responsable d’un projet et de ses résultats, sans faire peser la menace de la sanction en cas d’échec, peut être une source de motivation très puissante », selon Sebastian Bryers, membre de l’American Management Association.

 Donner un « cadre » à l’échec

Évidemment, il faut distinguer « l’erreur utile » de la négligence, voire de la malveillance délibérée. Reconnaître que l’erreur est nécessaire pour innover ne doit pas donner le champ libre aux collaborateurs pour prendre volontairement de mauvaises décisions.

C’est pourquoi il faut donner un « cadre » concret à l’échec, en fixant des limites temporelles, techniques ou financières par exemple. Chaque équipe doit définir ce cadre en amont d’un projet car ce qui peut être sans conséquence pour l’une d’entre elles peut s’avérer désastreux pour une autre. De cette façon, on s’assure de l’engagement de tous les collaborateurs autour d’objectifs communs et les zones de flou sont évitées.

1. Apprendre de ses erreurs augmente la créativité

Donner un « cadre » à l’échec ne freine pas la créativité, au contraire !

Exemple avec 3M et « la règle des 15 % ». Ce principe de management est directement inspiré d’un employé, ayant travaillé pour l’entreprise dans les années 1920. Au lieu de rester assigné à une tâche prédéfinie, il a suivi son intuition, quitte à aller à l’encontre de ce que ses managers attendaient de lui. Sa persévérance l’a amené à créer le célèbre rouleau de Scotch de la marque que nous connaissons tous.

Depuis, les collaborateurs de 3M peuvent consacrer 15 % de leur temps de travail à des projets de leur choix qui les intéressent, en rapport avec les enjeux de l’entreprise. Les projets sont présentés aux managers afin de recueillir des feedbacks et de décider s’ils valent la peine d’être poursuivis et soutenus par l’entreprise.

Google incite aussi fortement ses équipes à expérimenter de façon autonome et a même intégré l’échec dans leurs objectifs avec la logique du « Fail Fast ». L’erreur est autorisée mais il faut vite rebondir. L’exemple de Google+ est particulièrement parlant : le réseau social a connu un échec retentissant mais une de ses technologies a permis par la suite la création de Google Photos. Un service qui remporte aujourd’hui un franc succès.

Édicter des règles est une stratégie intéressante pour responsabiliser les employés et leur permettre de poursuivre un projet sans compromettre le bon fonctionnement de l’entreprise.

2. Apprendre de ses erreurs dédramatise l’échec

Dans une de ses études, Google a trouvé le facteur commun à ses équipes les plus innovantes : la sécurité psychologique.

La communication entre collaborateurs, mais aussi des dirigeants vis-à-vis du reste de l’entreprise, est capitale : « pour favoriser un environnement de sécurité psychologique, les managers doivent montrer leur vulnérabilité et la confiance qu’ils placent en leur équipe », explique Frederik Pferdt, Google’s Chief Innovation Evangelist.

Chez Talentsoft, nous considérons que les méthodes et le « savoir-être » des managers se reflètent à tous les niveaux de l’organisation. S’ils assument leurs doutes et erreurs, le reste des collaborateurs se sent alors autorisé à se tromper.

Timothy R. Clark, fondateur et CEO de LeaderFactor, parle de courage intellectuel et souligne l’importance des managers : « En tant que manager, vous donnez le ton et êtes responsable de l’atmosphère de travail. Vous avez donc la capacité d’établir un système qui récompense la vulnérabilité au lieu de la punir. »

Un environnement de sécurité psychologique, favorisé par les managers, brise le tabou de l’échec et transforme le rapport à l’innovation : il n’est plus freiné par la peur de l’échec.

3. Apprendre de ses erreurs permet d’exprimer de la reconnaissance

Beaucoup d’entreprises célèbrent l’échec et le succès de la même façon.

Encore une fois, on peut citer l’exemple de Google et de son site killedbygoogle.com mettant en lumière des centaines de projets initiés puis avortés pour différentes raisons.

On pourrait penser que l’échec doit être minimisé, voire caché. Mais en rendant l’échec public et en le saluant, un message positif est envoyé : échouer, c’est aussi faire preuve de témérité. Récompenser l’échec par de la reconnaissance met alors le goût du risque et l’esprit d’innovation au cœur de la culture d’entreprise.

4. Apprendre de ses erreurs favorise une culture d’entraide et d’apprentissage 

Chaque membre d’une organisation, dirigeants compris, ne doit pas seulement se préparer à l’éventualité de l’échec mais doit aussi être ouvert à l’idée d’en tirer des leçons.

Cette logique « test and learn » tend à l’entraide et à l’apprentissage des erreurs des autres. On peut aussi voir une plus grande empathie et entraide entre collaborateurs quand les erreurs sont assumées et transformées en bénéfices pour rebondir. Les connaissances sont naturellement mises en commun pour la réussite des prochains projets.

Nous n’avons peut-être pas aujourd’hui réponse à tous les problèmes mais en apprenant de nos erreurs et en travaillant ensemble pour les surmonter, nous faisons tous un pas de plus vers l’innovation.

Accepter les échecs n’est plus une option 

Les entreprises qui reconnaissent leurs erreurs et les transforment en enseignements sont les plus enclines à la créativité et l’innovation.

Nous sommes passés d’un monde « prédictif », où les évènements et risques pouvaient être anticipés, à un monde « intuitif ». Il nous oblige à faire des hypothèses, des tests et, forcément, des erreurs.

Donner de la valeur au point de vue de vos collaborateurs, à la passion, à la détermination, à la vulnérabilité et à l’autonomie est donc un avantage concurrentiel indéniable sur le long terme. En somme, il s’agit de faire de l’apprentissage de vos échecs et erreurs votre nouveau mantra.

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